Un chantier où il reste énormément à faire
L’idée de fraternité est parmi les plus belles qui se puissent concevoir. Elle est sans doute trop grande et exige trop des hommes pour leur servir de guide puisqu’elle a été si rarement appliquée jusqu’ici.
Dans la plupart des cas elle est entachée d’un « certes, mais… » qui en limite singulièrement la portée, restriction lourde de sous-entendus qui grève la fraternité dans son essence profonde.
Serions-nous dès lors, tous tant que nous sommes, condamnés à un royaume d’utopie où l’on se paie de mots ?
Impossible évidemment de dire à quand remonte cette notion.
Elle a pu être véhiculée longtemps dans la tradition orale des communautés avant d’être consignée d’une manière ou d’une autre.
C’était peut-être un simple instinct de survie qui poussait les membres de la tribu à s’entraider lors de guerres ou de catastrophes naturelles.
Si l’on se réfère à la Bible, la fraternité a commencé sous de funestes auspices avec, au chapitre 4 de La Genèse, le meurtre d’Abel par son frère de sang, le jaloux Caïn.
Treize chapitres plus loin on assiste au vol du droit d’aînesse de Jacob au détriment d’Esaü, deux fils d’Isaac.
Premiers forfaits d’une longue série noire dans le Livre Saint. Constatation : la solidarité au sein d’une fratrie ne va pas de soi et la pensée fraternelle est tout sauf innée. Les dissensions y sont même exacerbées par la proximité.
Aujourd’hui encore, la famille où règne l’entente est plutôt l’exception que la règle. Les conflits d’intérêt, l’envie, la frustration sont de tout temps les causes principales de la désunion.
Le fataliste en déduirait que ruse, trahison et perfidie sont inscrites à jamais dans le code génétique de l’humanité.
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