Des refus pour délit de croyance ou de couleur
En 1755, Voltaire faisant l’apologie des Helvètes dans un poème avec des accents guerriers s’écriait « La liberté !
J’ai vu cette déesse altière répandant tous ses biens (…)
Les Etats sont égaux et les hommes sont frères. »
On est aux antipodes de la fraternité lorsqu’elle repose sur des faits d’armes. Le sang versé sur les champs de bataille n’a jamais servi qu’à préparer de futures confrontations.
Le XVIIIe siècle européen tant vanté pour son esprit d’ouverture a eu ses fermetures.
On y prendra la mesure des préjugés dans nos rangs au nom de l’identité chrétienne.
Dans bien des cas, si l’on différait un tant soit peu de la norme, pas d’admission sur les colonnes.
L’atelier « La Parfaite Sincérité » à Marseille stipulait au point 12 de ses Statuts et Règlements que « tous profanes qui auraient le malheur d’être juifs, nègres ou mahométans ne doivent point être proposés. »
La messe était dite. Et c’est loin d’être un cas isolé. L’Allemagne des Lumières n’était guère différente de la France à cet égard.
En Angleterre on était plus conciliant, à la condition cependant que le requérant ait de la fortune. Le Grand Orient recrutait surtout dans le milieu de l’aristocratie. Les autres francs-maçons étaient de riches bourgeois.
Il reste beaucoup à faire sur le chantier de la tolérance mutuelle.
On a longtemps passé sous un silence gêné de telles réalités discriminatoires, dont il subsiste quelques vestiges ici et là en Europe.
Les commentateurs se replient fréquemment sous la formule convenue « autres temps, autres moeurs. »
Mais l’antisémitisme, pour ne prendre que cet exemple, n’est pas plus excusable avant qu’après la Shoah.
Ce sont d’ailleurs des siècles de méfiance sinon de haine qui l’ont permise.
En 2015, tout est-il beau et rose dans le meilleur des mondes maçonnique ?
Ne nous rassurons pas trop vite. Il reste beaucoup à faire sur le chantier de la tolérance mutuelle pour vaincre les divisions, les blocages, les crispations de toutes sortes.
En attendant, nous pouvons rêver d’un « contrat maçonnique » comme Jean-Jacques Rousseau en a écrit un, destiné à la bonne organisation sociale.
L’histoire de la fraternité n’existe pas en soi, elle va de pair avec l’évolution de l’humanité. Croire en elle est notre unique recours. J.T.
Bravo!!!