Dans un monde en perpétuelle évolution, l'Homme recherche un sens à sa vie au milieu du tumulte des changements qui perturbent la vie quotidienne. La société est secouée par des perturbations qui viennent de toutes parts.
La Franc-maçonnerie, en tant que réalité sociale, n'échappe pas à cette règle, et cela est parfaitement compréhensible car le Maçon est un être qui vit dans son temps et n'est pas détaché des agitations qui l'entourent.
Mais la Franc-maçonnerie, dans la tranquillité de ses temples, se présente comme une demeure de sérénité qui, par la réflexion qu'elle suscite, protège ses adeptes des coups durs reçus du monde extérieur.
C'est particulièrement vrai pour le Rite Écossais Ancien et Accepté, dont la devise est, et j'insiste, "Ordo ab Chao."
Le sens premier de ce thème fait référence à l'univers organisé au sein de l'Ordre à partir du chaos confus qui le caractérisait au début. De même, dans la société moderne, on fait référence à la bonne organisation d'une institution qui dissipe le désordre pour instaurer l'harmonie parmi ses membres.
De cette manière, certains adeptes se débarrasseraient volontiers de la présence de la Bible sur l'autel des serments pour la remplacer par un volume non spécifié. Cela signifie une méconnaissance des enseignements du Rite Écossais Ancien et Accepté, dont les légendes thématiques à tous les degrés font référence à des épisodes de la Bible, à commencer par la construction du Temple de Salomon.
Depuis sa fondation, la Franc-maçonnerie est d'inspiration judéo-chrétienne.
Nous appartenons aux Loges de Saint Jean, comme en témoigne le Volume de la Loi Sacrée, ouvert dans le prologue du 4e Évangile.
Nous pouvons chercher cet évangile dans n'importe quel autre livre, mais nous n'y trouverons pas mention de celui-ci.
Le seul cas où la présence d'un autre Volume de la Loi Sacrée peut être tolérée aux côtés de la Bible est au moment du serment d'un initié, le jour de l'initiation, s'il appartient à une autre religion.
Sans exclure la Bible, aux côtés de l'Équerre et du Compas, affichant les Trois Grandes Lumières de la Franc-maçonnerie. La Bible représente un symbole significatif du Rite Écossais Ancien et Accepté et non un livre de quelque religion révélée que ce soit, même si c'est la sienne.
Une autre erreur tout aussi nuisible consiste à essayer de déplacer la Bible en la remplaçant par un livre vierge, voire le livre de la Constitution, comme cela se fait dans d'autres rites.
Toute personne sensée ne peut éviter d'avoir des doutes sur le caractère sacré d'un livre de Constitution qui n'a qu'une valeur purement administrative et contingente.
D'autre part, un livre vierge n'est rien d'autre qu'un archétype dépourvu de sens.
Tout d'abord, sur quelle page devrait être ouvert ce Volume de la Loi Sacrée ?
Et en allant plus en profondeur : le Volume de la Loi Sacrée est, par définition, le Symbole de la Tradition de notre Rite. Cependant, Tradition signifie transmission. La présence d'un livre blanc signifie que le Rite Écossais Ancien et Accepté n'a rien à transmettre ; même pas l'origine de nos légendes. Ce serait un déni pur et simple des enseignements du Rite.
En revanche, la question du Grand Architecte de l'Univers se poserait. Puisque la dimension sacrée de nos Temples est éliminée, pourquoi compliquer les choses avec ce symbole du transcendant ?
La Juridiction a souscrit à la déclaration de principes de la Convention de Lausanne de 1875, qui reconnaît et proclame l'existence d'un Principe Créateur, reconnu comme le Grand Architecte de l'Univers. Mais dire principe, c'est dire la première cause active et originelle. Même l'esprit le plus réfractaire à toute métaphysique est contraint d'admettre que :
Après la Source (ou avant elle), il y a de l'énergie. Après l'énergie vient la loi, c'est-à-dire un ensemble de règles. Après la loi vient le Plan qui permet l'agencement des règles. Et le Plan fait émerger l'Architecte qui l'a conçu.
Cela correspond parfaitement au concept du Grand Architecte de l'Univers, un symbole moins limitant et moins déterminant que l'interprétation du Dieu révélé dans les religions et une approche métaphysique accessible à la raison humaine.
Le concept a, entre autres, l'avantage de concilier les religions dogmatiques et les religions qui ne reconnaissent pas l'existence d'un Dieu créateur ou d'un démiurge. D'où sa capacité à "rassembler ce qui est dispersé", une définition concise de l'universalité du Rite É.A.A.
Comments