Si les francs-maçons portent ce nom, c'est en hommage à leurs origines modestes dans le monde de la maçonnerie. Contrairement à certaines idées reçues, la franc-maçonnerie n'est pas une société secrète ancestrale, mais plutôt une institution qui a vu le jour il y a environ trois siècles.
L'acte de naissance de la franc-maçonnerie a longtemps été attribué au 24 juin 1717, mais certains historiens penchent désormais pour une date plus tardive, en 1721.
Quoi qu'il en soit, l'histoire se déroule à Londres, dans la taverne "L'Oie et le Grill", où quatre loges maçonniques, regroupant artisans, commerçants, et membres de l'élite, se sont réunies pour former une Grande Loge.
Cette démarche concrétise des bases établies au fil des siècles. Au Moyen Âge, des confréries de métiers offraient à leurs membres une formation et un soutien en cas de difficultés.
Les maçons faisaient partie de ces groupes, où les plus anciens, les compagnons, formaient les apprentis. Ces groupes avaient des loges, initialement des bâtiments annexes où les outils étaient rangés, où l'on se reposait, et où les chantiers étaient préparés et analysés.
Plus tard, le terme "loge" a évolué pour désigner un groupe de travailleurs.
Cependant, des évolutions majeures se sont produites en Écosse et en Angleterre à la fin du XVIIe siècle, lorsque des loges ont commencé à accueillir des notables locaux sans lien avec la maçonnerie. Ces individus venaient échanger des idées, réfléchir, et tisser des réseaux sociaux.
Aristocrates, artistes, scientifiques, et aubergistes ont rejoint ces groupes, devenant ainsi des "maçons acceptés" ou "libres". Le terme "gentlemen masons" ou "free masons" en anglais est utilisé pour les décrire.
Plusieurs interprétations existent pour expliquer cette terminologie.
Selon l'historienne Cécile Révauger de l'Université Bordeaux Montaigne, "free stone" (pierre polie de qualité supérieure) et "rough stone" (pierre brute non travaillée) pourraient être à l'origine de ces termes.
Elle suggère également que "free mason" pourrait désigner des maçons initiés au secret professionnel, détenant un savoir-faire, et jouissant de la liberté de se déplacer en conséquence.
Le rassemblement pour discuter d'idées est devenu possible grâce à un vent de changement qui soufflait sur le Royaume-Uni. Cela a été rendu possible après la Glorieuse Révolution de 1688, qui a mis fin à la monarchie de droit divin.
Ces groupes de sociabilité ont changé, mais leur lien avec le monde de la maçonnerie est resté intact. Les francs-maçons affirment travailler à la construction d'un "temple idéal", une société rationnelle où les individus atteignent la liberté et l'éclairage, à l'image du profane initié qui découvre la lumière lorsqu'on lui retire le bandeau qui couvre ses yeux pendant la cérémonie.
La franc-maçonnerie a également intégré des outils de construction tels que l'équerre ou le compas dans son symbolisme. Ces outils servent de base à son univers symbolique, établissant des liens entre la rectitude de l'individu et la règle, et explorant même la géométrie morale, reflétant l'esprit rationnel des Lumières. Bien que son fonctionnement ressemble à un dogme, la franc-maçonnerie évolue en dehors de la religion et des pouvoirs officiels.
Jacques Mitterrand, alors Grand Maître du Grand Orient de France en 1970, décrivait la franc-maçonnerie comme un lieu de rencontre unique pour toutes les organisations axées sur la justice sociale, le progrès intellectuel, et la liberté de pensée.
La franc-maçonnerie s'est ensuite répandue en Europe, attirant des personnalités diverses telles que Sadi Carnot, Condorcet, Rouget-de-Lisle, ou encore le clan Bonaparte.
Les premières loges françaises ont été créées en 1725 à Paris et en 1732 à Bordeaux.
En 1773, le Grand Orient de France a vu le jour.
Aujourd'hui, environ 160 000 francs-maçons en France revendiquent leur appartenance à cette tradition, y compris depuis 2023, des "sœurs" francs-maçonnes.
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