Franc-Maçonnerie - Constitutions d’Anderson
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Initialement intitulées Constitution, Histoire, Lois, Obligations, Ordonnances, Règlements et Usages de la Très Respectable Confrérie des Francs-maçons acceptés. Le 27 décembre 1721, le duc de Montagu a nommé 14 frères pour examiner le Manuscrit du frère Anderson et faire rapport. Le 25 mars 1722, le Comité des 14 a déclaré avoir lu le livre du frère Anderson, c'est-à-dire l'Histoire, les Charges, les Règlements et le Chant des Maîtres, et après quelques amendements l'ont approuvé, sur lequel la Loge a voulu que le Grand Maître ordonne qu'il soit imprimé. Desaguliers en a écrit la préface, George Payne en a rédigé le règlement (Encyclopédie de la Franc-Maçonnerie d’Albert G. Mackey).
Les Constitutions dites d’Anderson ont été publiées, à Londres, en 1723 pour leur première édition (à noter que le pasteur Anderson n’apparaît ni dans la signature du texte ni sur le frontispice des Constitutions). Le graveur du frontispice de l’édition de 1723 (John Pine), les deux coéditeurs (John Senex au Globe et John Hooke à la felur de Lys en face de l’église St. Dustan’s Church) et l’imprimeur (William Hunter) sont tous francs-maçons.
Elles constituent une source de connaissance de la Franc-Maçonnerie spéculative originale basée sur la tradition, les règlements et usages des anciennes corporations des maçons opératifs.
On peut voir dans ce texte plusieurs parties.
Une première section historique (rédigée par le révérend James Anderson) de la Franc-Maçonnerie depuis Adam jusqu’au XVIIIe siècle qui devait être lue à chaque nouvel initié ; les propos d’Anderson concernant l’histoire de la Maçonnerie ne sont un travail ni original, ni scientifique. Les sources dérivent des Old Charges (les Anciens Devoirs) qui contiennent les abondantes informations mythologiques qu’il donne. Mais il faut lire cette partie comme une glorification de la Franc-Maçonnerie et une manière de donner à la Grande Loge un passé illustre et mémorable.
Une deuxième partie que l’on peut qualifier de dogmatique et disciplinaire. Les Devoirs commencent par la phrase connue de tous les francs-maçons : «Un maçon est obligé par sa dépendance d’obéir à la loi morale; et s’il comprend correctement l’Art, il ne sera jamais un athée stupide ni un irréligieux libertin». Cette partie comprend deux sections exposant, d’une part les obligations morales des maçons de six sortes (1- de Dieu et de la religion, 2- de l’État, 3- des Loges, 4- de la hiérarchie maçonnique, 5- de la règlementation du travail, 5- de la conduite), d’autre part les règlements généraux (élaborés par Georges Payne en 1720 au nombre de 39 et reproduits par Anderson) auxquels ils sont soumis.
Enfin une série de 4 chants avec parole et musique suivant qu’ils doivent être exécutés par les maîtres, les surveillants, les compagnons ou les apprentis.
En fait, le texte semble avoir été écrit par Jean-Théophile Désaguliers, sur l’ordre du duc de Wharton, pour être dédié au duc de Montaigu. L’influence de Newton et des savants de la Royal Socitey est avérée : exclusion des questions politiques et religieuses, recherche d’un accord sur une religion et une morale naturelles et universelles, tolérance limitée par l’exclusion du libertinage et de l’athéisme, volonté de contribuer au bien commun et à la paix civile, valorisation des savoirs (des sciences en particulier).
En 1738 Anderson fut obligé de faire rééditer les Constitutions en raison d’une copie de son travail qui fut illégalement mise en circulation en 1735 par un certain William Smith. La nouvelle édition de 1738 est deux fois plus grande que la première, notamment en raison de rajouts dans la partie historique. En 1767, 1784 et 1858 de nouvelles éditions du Livre des Constitutions furent imprimées.
Les Constitutions d’Anderson peuvent être considérées comme une refondation lithocentrique et salomonienne de la Maçonnerie antérieure.", in, Solange Sudarskis