Vive la Queen.
Dans le genre cérémonial sobre et somptueux, il n’y a rien à dire, les Anglais font le boulot. J’ai toujours aimé le couple que formaient le Prince Philip et la Queen. D’abord c’est quand même grâce à elle que j’ai eu droit à l’entrée de la télévision dans le salon familial de notre maison de Neuilly. Car comme beaucoup de gens en Europe nous avions acheté le poste pour assister au couronnement d’Élisabeth II d’Angleterre le 2 juin 1953. Autrement dit c’est grâce à la représentation la plus classique de dernière vraie royauté que j’ai pu éprouver plus tard mes premiers émois devant « La séquence du spectateur », émission présentant en noir et blanc des extraits de films commentés par Catherine Langeais.
J’ignorais que durant son enfance l’éducation de la Queen avait été on ne peut plus stricte. Élevée par deux nurses irlandaises intraitables et ses parents étant toujours en voyage, elle avait dû suivre un emploi du temps calculé au cordeau, avec permission d’un seul jouet à la fois, sortie à heure fixe tous les jours par n’importe quel temps et emploi du temps scolaire implacable le reste de la journée. Et notamment après le repas elle se devait de nettoyer les couverts du repas, habitude qu’elle gardera toute sa vie. J’ai entendu à ce sujet l’autre jour à la radio une histoire qui résume en une phrase l’attitude que la Queen adoptera toute sa vie.
Un jour qu’elle recevait des gens à déjeuner au château de Windsor, dont Margaret Thatcher et son mari, à la fin du repas elle se leva et invita ses convives à l’attendre au salon le temps qu’elle aille comme d’habitude, s’adonner à faire la vaisselle. Sidérée et gênée, Mme Thatcher lui dit : Mais Majesté ce n’est pas possible, laissez-moi le faire ! » Ce à quoi la Queen répondit : « Vous voulez m’aider ? » « Mais bien sûr Majesté ! ». « Très bien venez dit Élisabeth II. Je lave, vous essuyez ! ».