Franc-Maçonnerie - Le secret maçonnique
Conférence donnée le 22 octobre 2009 à la Loge « La Fraternité » à l'Orient d'Yverdon-les-Bains
Mesdames et Messieurs
C’est un réel plaisir, de vous accueillir aussi nombreux, pour m’écouter converser d’un sujet qui entretient la controverse au sein de la société occidentale depuis plusieurs siècles.
Sans pudeur, ni retenue, nous allons enfin savoir s’il est nécessaire de rajouter des anchois dans la salade Niçoise.
Euh, je vous prie d’excuser ma maladresse, il s’agit là du thème de la semaine dernière….
Bonsoir Mesdames et Messieurs.
Cette petite plaisanterie pour nous mettre à l’aise, et peut-être aussi pour me décontracter avant d’aborder un thème particulier.
C’est un exercice difficile que de traiter du secret, ce n’est pas l’actualité politique et bancaire qui me contredira.
Par définition, le secret on n’en parle pas, on ne le montre pas, du moins, pas sans dégât.
Alors nous allons relever le défi et essayer de faire mentir cette réalité.
Lors d’une précédente séance publique, notre président osa l’impensable, il ouvrit le temple aux profanes.
Un frisson d’angoisse parcourut l’échine des Frères, nous allions violer le sacré, le tabou,
nous allions dévoiler notre temple, le lieu de toutes nos turpitudes, espace secret s’il en
est.
Un ami avec qui j’en discutais le lendemain, se réjouissait d’avoir pu visiter cet endroit, il comprenait mieux notre fonctionnement, en admettant toutefois que ceux qui se destinent à la carrière Maçonnique feraient mieux de s’abstenir de cette visite pour préserver leur découverte au jour de leur admission.
Et pour ma part, expérience faite, je ne me sentais ni diminué, ni menacé ou je ne sais quoi d’autre encore, toutefois, je n’arrivais pas à préciser mon sentiment, ni regret ni fatalisme ni joie.
Tout un groupe de profanes et vous devez savoir que ce mot signifie « hors du temple », c’est vous dire si c’est un comble, tout un groupe de profanes donc, avait visité notre temple, comme j’ai pu visiter des cathédrales ou des mosquées avec respect et même bienveillance.
C’est cette expérience qui m’a poussé à écrire sur ce thème, a essayer de comprendre ce qui constitue le secret maçonnique, ce qu’il est mais aussi ce que sont ou seraient ses limites.
Entendons nous bien, je ne suis pas plus que chaque Frère ce que l’on pourrait appeler un milieu ou une personne autorisée, je suis simplement un Franc Maçon, c’est à dire quelqu’un qui refuse de remiser son intelligence et son libre arbitre, quel que soit l’objet de la remise en question.
Je vous remercie donc de votre présence, d’être venus partager cet intérêt avec moi, avec nous, et vous invite à attacher vos ceintures, à relever votre siège et votre tablette, et je vous souhaite un bon moment.
Le secret, donc, … on n’en parle pas, on ne le montre pas…………… On en fait quoi, alors?
Ce sera notre cap pendant tout le voyage, notre grille de lecture du phénomène, un secret pour quoi faire ?
Je commencerai par dire que le secret ça sert à protéger…… à protéger des biens ou des personnes.
Nous avons bien en tête le secret bancaire, mais aussi le secret médical, que dire alors du secret de la confession !
Si le premier sert à protéger certains contribuables Américains ou Français des griffes et de la voracité de leur administration fiscale, le second sert à protéger l’individu d’une société qui pourrait devenir menaçante et lui permet de construire avec son thérapeute une relation de confiance. Quant au troisième, le secret de la confession, je vous laisse chercher à quoi il peut bien servir.
Nous aussi, en Franc Maçonnerie, nous utilisons le secret pour nous protéger, c’est ce que nous appelons le secret d’appartenance.
Les Francs Maçons ont l’interdiction absolue de dévoiler un autre Frère, sans le consentement explicite de celui-ci. Par contre, j’ai le droit le plus absolu de me dévoiler moi-même, ce que plusieurs Frères et Sœurs font en ce moment même, à condition d’user de prudence et de retenue.
C’est l’histoire qui nous a appris cette élémentaire prudence.
Une histoire faite de larmes et de sang.
Imaginez l’effet qu’à pu avoir la première bulle d’excommunication des Francs Maçons en plein milieu du XVIIIème siècle dans des pays comme l’Espagne ou l’Autriche. Pour rappel, le tribunal de la Sainte Inquisition officiait avec zèle et efficacité dans ces pays et dans d’autres encore, pour extirper le ver de l’hérésie dans les terres catholiques, c’est vous dire si certains Frère ont pu avoir chaud, au propre comme au figuré.
Le simple fait d’être Franc Maçon a toujours valu de graves ennuis quelques fois vitaux sous les différents régimes totalitaires de la planète depuis le XVIIIème siècle.
De la Russie tsariste puis stalinienne, en passant par l’Allemagne puis l’Europe nazie et jusqu’aux régimes d’extrême droite d’Amérique du sud, l’appartenance à la Franc Maçonnerie était souvent punie de mort ou, tout au moins, impliquait une spoliation totale de vos biens voire des risques physiques pour votre famille.
Vous comprendrez aisément que trois siècles de chasse aux sorcières conduisent à la plus élémentaire prudence.
Mais nous sommes en Suisse et au vingt et unième siècle me direz-vous, il s’agirait d’évoluer un peu.
C’est vrai, mais il n’y a pas dix ans, un procureur de la république Française proposait que l’on puisse identifier et connaître la qualité de Franc Maçon de tous les fonctionnaires de la république Française.
En Suisse, dans les années septante, c’est l’initiative Fonjallaz qui demandait à peu près la même chose.
Faudra t’il en arriver à arborer une équerre et un compas jaunes cousus sur notre poitrine quand nous sortons dans la rue?
Car enfin, en quoi cela regarde t’il la société que l’on soit Franc-Maçon, protestant, socialiste, homosexuel ou bibliophile ? en quoi serait-ce un danger pour l’ordre public ?
Il faut croire qu’à une époque où l’on prétend tout savoir, tout expliquer, tout comprendre et tout maîtriser, un petit groupe de bonshommes qui se réunissent sans dire ce qu’ils font constitue un manquement grave à la soif de toute puissance,….. mais, à la soif de toute puissance de qui au juste ? on s’en fout, ça ne se fait pas.
Vous comprendrez facilement, à l’époque où on place des caméras partout, ou on contrôle tout, de votre régime alimentaire à la couleur de vos sous vêtements, vous comprendrez facilement que le secret d’appartenance soit une frêle mais nécessaire et tenace garantie de protection voire de liberté pour les membres de l’ordre.
Si le secret protège, c’est parce qu’il cache. Si on ressent le besoin de cacher, c’est parce qu’on a honte.
Tout le monde se souviendra du mythe de la Genèse, au chapitre 3, où c’est une fois qu’ils eurent pêché qu’Adam et Eve découvrirent leur nudité et sentir le besoin de la cache.
Donc, éprouver le besoin de cacher signifie que l’on n’est plus dans le domaine, du coté, dans le camp de l’innocence.
En effet, nous ne sommes plus dans cette conception là. Et bien naïf, j’oserais dire bien innocent, celui qui se figure que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Sans imaginer que pour vivre heureux il faille vivre caché, il convient de rester réaliste et d’admettre que toutes les curiosités ne sont pas toujours bien intentionnées.
On peut dire finalement que cacher quelque chose, c’est une manière de le protéger, de se protéger.
Au delà d’une fonction de protection, le secret c’est aussi une forme de pouvoir.
Comme diraient nos amis belges, c’est un véhicule de savoir et comme savoir c’est pouvoir, détenir un secret, c’est détenir un pouvoir.
Toute la question est de savoir de quel genre de pouvoir nous parlons.
Je ne sais pas pourquoi, mais je sens monter l’attention d’un cran.
Et vous avez raison, car nous arrivons au cœur du sujet.
Je vais donc vous entretenir plus en détail du secret initiatique.
Il constitue le trésor de la Franc-Maçonnerie, sa substantifique moelle, c’est lui qui se transmet de Frère en Frère, mais aussi de sœur en sœur, depuis que la Franc Maçonnerie existe.
Il existe plusieurs formes de pouvoir.
Il y a celui exercé sur les autres : « Je sais, tu ne sais pas. Si tu es gentil avec moi et fais ce que je te demande, alors peut-être que je te dirais. Tu pourras faire cela à ton tour avec qui tu pourras ».
Ça marche. Ça marche même très bien. On pourrait regretter que cela marche trop bien.
Il y a aussi le pouvoir sur soi. C’est celui là qui nous intéresse en Franc-Maçonnerie. Quel Homme suis-je ? Euh, ça marche aussi pour les femmes, rassurez vous, quel Homme suisje et que fais-je ?
La Maîtrise de soi et la Maîtrise de son action sont les deux formes du pouvoir sur soi recherchées en Maçonnerie.
Mais attention, il ne s’agit pas nécessairement de changer, de devenir un autre, meilleur, plus beau, plus mince, plus fort, plus savant. Il s’agit plutôt de s’apprivoiser et de mieux utiliser, de maîtriser ses forces et faiblesses, ses manques et ses capacités. La Franc Maçonnerie n’a pas pour projet de changer les hommes, elle vise à leur faire prendre conscience d’eux-mêmes pour qu’ils s’engagent dans la société à leur juste force et dans un juste espoir.
Ni des saints, ni des révolutionnaires, juste des hommes, des héros du quotidien.
Cela, c’est le résultat de l’Initiation.
Je vais essayer, maintenant, de vous faire approcher du secret initiatique, le cœur de la pratique Maçonnique. Et s’il est au cœur de l’exercice maçonnique, c’est qu’il est le vecteur le plus absolu de pouvoir.
Je m’explique :
La franc Maçonnerie pratique, manie, vit l’ésotérisme.
L’ésotérisme se dit des techniques, des messages et des enseignementsincompréhensibles aux personnes non initiées. De là à les qualifier de pratiques ou de sens secrets et cachés, il n’y a qu’un pas que la plupart des gens franchissent allègrement.
Tant pis, nous dirons quand même que la Franc-maçonnerie pratique un enseignement incompréhensible aux personnes non initiées.
Cela signifie que le secret est strictement réservé aux personnes initiées, qu’il est lié à l’initiation.
Il faut alors comprendre que l’initiation recouvre plusieurs réalités. On peut la voir comme une cérémonie particulière manifestant l’entrée dans une communauté, ce qu’elle est au même titre qu’un baptême ou une promesse scout. On peut aussi la comprendre comme la préparation à une mise en route, le début d’un cheminement qui va radicalement modifier et faire évoluer le candidat, ce qu’elle est aussi.
Je puis vous affirmer aussi qu’il y a une différence essentielle entre être initié et avoir vécu une cérémonie d’initiation.
Si tout ce qui constitue le secret initiatique est dévoilé à l’impétrant au cour de la cérémonie d’initiation, il n’en sortira pas pour autant initié, il devra pour cela agir et être conforme à ce qui lui aura été dévoilé et enseigné.
C’est ainsi que la Franc Maçonnerie est un ésotérisme, il faut être initié pour accéder à son enseignement, il faut être initié et non avoir vécu une initiation. C’est la même différence entre un baptisé et un Chrétien.
Et le secret initiatique dans tout cela ?, me direz-vous.
Vous commencez à vous douter qu’il ne va pas être aussi aisé d’y accéder et vous avez raison.
Nous allons, toutefois, continuer à décrire des cercles concentriques qui vont, je l’espère, vous permettre de mieux l’appréhender.
Il faut donc être initié pour accéder au secret, il ne suffit pas qu’on vous le dise ou qu’on vous le montre pour que vous le possédiez.
La Franc Maçonnerie a ceci de particulier, qu’elle ne possède ni doctrine, ni dogme, à peine un ou deux mythes qui ne sont même pas des histoires fondatrices. Par contre, elle possède et utilise toute une batterie de symboles qu’elle met en scène dans ses cérémonies et qui constituent dès lors un rituel. Il y a plusieurs rituels qui rythment l’année et la vie maçonnique.
Ainsi, nous parlerons, de rituels d’initiation, de promotion et d’élévation, de solsticiales.
Parmi les symboles maçonniques, certains sont très connus, même du grand public, jepense au triangle ou au chiffre 3 mais aussi à l’équerre associée au compas.
Vous me permettrez de ne pas évoquer d’autres symboles car je voudrais éviter de rompre le serment que j’ai un jour prêté de ne pas les dévoiler à des personnes non initiées.
Pour les trois que je viens d’évoquer, je suis tout à fait serein quant à mon serment, ils sont passés, si j’ose dire dans le domaine public.
Pour les autres, il existe une foultitude d’ouvrages qui vous les décriront, feront les liens avec toutes les civilisations passées présentes et à venir pour que vous les compreniez mieux, associant la brouette de nabuchodonosor avec le marteau de mon grand père, la bretelle d’Isis avec les rouleaux de ma grand mère etc.
Et je ne sais plus si j’ai lu cela dans une quelconque version du Kama sutra ou dans une révélation expurgée de la symbolique Maçonnique chez les papous à poux de la région amazonienne au 12ème siècle.
Après ce bref aperçu de la littérature consacrée, c’est vous dire mon penchant pour ce genre d’ouvrage, après un bref aperçu de la littérature consacrée disais-je dont j’ai ici quelques dignes représentations, je vais essayer, par quelques exercices, de vous faire approcher le commencement du chemin initiatique et donc de vous laisser entrevoir le secret initiatique.
Le chiffre trois est un des symboles constitutifs du secret initiatique.
Et voilà, c’est dit, vous connaissez une partie du secret. Comment vous sentez-vous ?
Tout de suite, vous mesurez, qu’il n’y a pas grand chose de changé pour vous. Si je vous avais dit abracadabra ou 32 ou 3.14, cela eut été pareil.
Il faut aller plus loin.
Spontanément, nous irons rechercher les significations du chiffre trois et les différentes compréhensions que l’on peut en avoir.
Il y a tout d’abord, une interprétation de premier niveau, arithmétique, qui nous dit que trois c’est 1+1+1 ou 2+1. Derrière ces chiffres, nous pouvons déjà placer différentes réalités, nous savons qu’en disant 1+1+1, nous pouvons additionner des poires, des nougats et des billes, chaque unité ne doit pas nécessairement être de la même nature qu’une autre. Par contre en disant 2+1, nous affirmons, que deux entités sont de nature identique (2 nougats + 1 garçon). Nous sommes au premier niveau d’interprétation et nous voyons que déjà, cela peut recouvrir des réalités plus complexes qu’il n’y paraît au premier abord.
Si nous considérons le chiffre trois d’un point de vue géométrique ou architectural, il représente une évolution radicale avec le chiffre deux, puisqu’il symbolise la brisure de la ligne et la découverte des angles mais aussi le passage du plan à l’élévation et tout de suite, nous imaginons des dessins plus complexes.
Franchissons tout de suite un énorme fossé interprétatif et considérons le chiffre trois d’un point de vue théologique.
Trois c’est la trinité, ou plutôt le trinitaire et il y a là une foultitude d’interprétations et de querelles entre les tenants du tout en un, du deux plus un ou du trois fois un, de l’incarnation dans la dualité ou de la révélation des trois natures de l’univers.
Enfin mais pas finalement, d’un point de vue familial, c’est le début de celle-ci, ou comment 1+1 (les parents) =3 (la famille) voire plus si affinité.
Ce petit descriptif, très simple met en évidence un premier niveau de la technique maçonnique d’approche du secret initiatique.
Le chiffre trois vous est révélé lors de votre cérémonie d’initiation, il apparaît a diverses reprises.
Vous pouvez ne rien en faire et rester là à attendre la Grâce du grand architecte de l’univers, l’illumination subliminale ou je ne sais quoi encore de mystique et mystérieux.
Mais vous pouvez aussi, un jour, quand vous serez prêt, vous demander ce que ce chiffre vient faire dans un rituel maçonnique.
Très souvent cela commence par une recherche de type académique, toute intellectuelle.
Et nous voici en quête de l’histoire de ce nombre, du contexte dans lequel il s’exprime le
plus souvent, des théories théologiques et anthropologiques auxquelles il est associé et
nous allons le retrouver et le comprendre dans ses différentes acceptions géographiques,
historiques, culturelles et cultuelles.
Et après, la belle affaire.
Si vous imaginez détenir un quelconque secret en maîtrisant la conception esquimaude de
la trinité, en connaissant l’évolution graphique du chiffre de sa racine hindi à son écriture
actuelle arabe ou européenne, en étant capable de citer les différents angles et leurs
propriétés géométrique ; si vous imaginez détenir un quelconque secret en possédant cela
et si une des fonctions du secret est le pouvoir, demandez vous alors, quel pouvoir vous
détenez et sur qui ?
Il faut donc aller plus loin. Il est temps de dépasser le simple plan intellectuel, de se placer
à un niveau plus personnel, de s’engager, de se confronter.
Si trois représente géométriquement la brisure de la ligne et l’apparition de l’angle et si du
plan on passe à l’élévation, cela nous place dans un contexte architectural, dans une
construction. Dès lors, que construisons-nous, comment, pourquoi faire ? Je ne peux pas
répondre à votre place, mais vous voyez que l’on touche à des questions sur le sens de
notre actions, de nos relations, et même de notre être.
Si trois peut-être considéré comme l’incarnation du verbe dans la dualité de la création,
quel effet et quel but sont-ils poursuivis par cette incarnation et en quoi suis-je mobilisé ?
Dois-je rester spectateur ou puis-je participer et comment à cette incarnation ?
C’est par un impact profond, subjectif, un impact émotionnel plus que rationnel sur
l’individu qui y est confronté, que la Franc Maçonnerie entend, par le symbolisme, diffuser
son enseignement. Celui-ci est simple, nous sommes perfectibles et la société que nous
bâtissons l’est aussi.
Etre initié, c’est maîtriser cela, c’est utiliser la confrontation permanente que nous
proposent les symboles pour agir sur nous-mêmes et sur la société dans laquelle nous
évoluons. Dès lors, vous connaîtrez le secret initiatique, ce sera ce que le symbole aura et
sera capable de réveiller et de mobiliser en vous et ce que vous serez capable de faire de
cet éveil.
Je comprends, cela paraît très hermétique, comment peut-on changer sa vie à partir de la
simple confrontation à un chiffre ? A ce tarif là, tous les profs de mathématique sont des
grands initiés.
Non ! L’initiation n’est pas et ne sera jamais, l’effet passif d’une révélation, c’est un travail,
une recherche, la confrontation de sa culture, de ses émotions, de ses idées, de ses
souvenirs, la confrontation de sa réalité avec le symbole.
Celui-ci nous interpelle sur plusieurs plans, il descend profondément en vous, bien au delà
de la simple muraille intellectuelle derrière laquelle nous avons coutume de nous abriter.
Le symbole c’est un diapason qui fait vibrer l’âme, il en existe avec différents vibrato et
chaque initié trouve ceux qui lui correspondent au moment de son évolution.
Ceci, Mesdames, Messieurs, ça ne peut pas s’apprendre, ça doit se vivre, s’expérimenter.
Et vous comprenez qu’il y a autant de secret initiatique qu’il y a d’initié et que le pouvoir
que confère la maîtrise du secret, c’est uniquement un pouvoir sur vous-mêmes, car tout
autre pouvoir n’est qu’une illusion.
Comment cela se passe t’il concrètement ?
C’est la technique Maçonnique d’apprentissage, un Maçon, un Parrain, une Loge, la
Maçonnerie.
Quand le jeune, ou moins jeune, apprenti est initié, un Frère plus ancien est désigné
comme son parrain. Il peut être celui qui a amené ce nouveau Frère à la Loge ou
quelqu’un d’autre.
Le rôle du parrain sera d’accompagner son filleul dans les premières étapes de son
parcours maçonnique, l’amener à explorer ses connaissances et ses émotions au regard de
ce qu’il vit et ressent lors des différents rituels. Le parrain l’accompagnera dans ce difficile
chemin vers soi même que tout Franc-Maçon pratique, il sera tour à tour stimulant,
réconfortant, rassurant mais aussi questionnant, interpellant, critique, dialectique.
Au delà du parrain, la Loge entière servira de chambre d’écho aux questions,
interpellations, doutes du nouvel initié.
La diversité des membres, de leurs horizons professionnels, culturels et spirituels sera un
réservoir d’expériences du monde et de la réalité auquel le nouvel initié aura accès.
Enfin, la Franc-Maçonnerie dans son intégralité sera le ciment fraternel nécessaire au
travail du nouvel initié. Mais attention, il s’agit d’une Fraternité de valeurs et de travail, pas
nécessairement du copinage. Beaucoup ont dévoyé cette valeur Maçonnique pour se
construire un carnet d’adresses et espérer des faveurs particulières et la Maçonnerie a
payé le prix fort pour ces déviances.
S’il est évident que la communauté de valeurs crée des liens d’amitié, le soutien qui est du
à chaque Frère est un soutien dans le travail et la recherche Maçonnique.
Voici, Mesdames et Messieurs, nous touchons au terme de mon exposé sur le secret
Maçonnique.
Nous avons vu qu’il avait deux fonctions, celle de protéger et celle d’augmenter son
pouvoir sur soi-même.
Cela sont les conditions nécessaires à la construction sereine d’une humanité meilleure qui
pourra bâtir ou inspirer une société meilleure.
Nous avons vu que le secret initiatique était une réalité complexe non doctrinale ou
dogmatique, spécifique à la réalité intime de chaque individu que celui-ci découvre en
permanence au long de son cheminement.
Nous avons vu comment l’usage du symbolisme permettait cette quête individuelle et comment la structure de la Franc-Maçonnerie permettait que cela se fasse de la façon la plus libre et la plus personnelle possible.
Dès lors, il nous reste à retrousser les manches et à poursuivre au dehors l’œuvre commencée au dedans.
Mesdames et Messieurs, je vous remercie de votre attention.